vendredi 12 avril 2024

Une bulle d’égoïsme

 Nous sommes désormais dans une société où l’égoïsme est devenue une valeur reine. Un tout pour ma gueule généralisé qui concerne toutes les générations. On la retrouve à toutes les strates de la société, dans tous les aspects de la vie courante et professionnelle. Il me semble que cette situation est le résultat d’une perte du commun, d’un certain état d’esprit, de l’empathie nécessaire pour faire société.

Les salauds d’algorithmes

La critique des RS est devenue systématique à propos de tous les sujets de société. Des émeutes urbaines à la question éducative, les réseaux sociaux sont jugés coupables, condamnés et honnis avant toute analyse sérieuse.

S’ils ont des travers importants, ils ne peuvent être tenus pour responsable de toutes les difficultés, les manquements et les dérives actuelles.

Et si ils n’étaient que des symptômes. Les bulles de préférence dans lesquelles les algorithmes nous enferment ne font que refléter notre envie d’être conforter dans nos opinions, dans nos rejets de toutes formes de contradictions. A cela s’ajoute notre désir d’afficher une vie plus belle de celles des autres, quitte à maquiller la réalité. Chaque like nous valorise et d’abord à nos propres yeux.

Mais cette explication est « Un peu courte, jeune homme ! »,  comme le dirait Cyrano de Bergerac, et pour le moins inexacte, de mon point de vue.

Des réseaux à notre image

De ce que je peux en comprendre, nos buzz nous ressemblent  mais ne sont pas la cause des déchirures que notre société connait. Elles sont à mon sens bien plus profondes que cela. C’est d’abord celle du vivre ensemble qui apparaît en pleine lumière. Ce sont nos fractures sociales qui deviennent identitaires au fur et à mesure qu’elles s’accentuent. Et que dire de l’agressivité grandissante dans notre quotidien.

Notre responsabilité en question

Comment croire que nous serions si faibles de caractère que nous nous laisserions influencer par la première vidéo venue. Ce serait trop facile. Mais nous sommes plus surement des victimes volontaires. Car nous avons toutes et tous la capacité d’exercer notre esprit critique, de nous informer, de garder de la distance avec ce que l’on veut bien nous montrer. D’autant que nous ne pouvons plus ignorer que la manipulation est à l’œuvre, tout azimut. Le savoir c’est pouvoir la déjouer avec un peu de volonté et un brin d’efforts.

La surconsommation des écrans ne me parait pas non plus une excuse suffisante, à quelques rares exceptions  pour cause de troubles, puisqu’il s’agit d’un acte volontaire. Rien n’oblige personne à rester des heures et des jours entiers rivés aux écrans nomades. Nous sommes libres d’employer notre temps comme bon nous semble. Personne ne nous force à rien. Nous sommes consentants pour nous laisser emporter dans un maelstrom aussi incohérent qu’inutile. Nous avons le choix. Nous avons la liberté d’éteindre nos écrans. 

Je n’ignore rien de l’habilité des réseaux sur la psychologie humaine et leurs capacités à atteindre nos émotions mais sont-elles suffisantes pour nous exonérer de toutes responsabilités. Les vidéos de chatons sont à notre disposition alors qu’aucune obligation ne nous impose de les visionner. 

 Au sortir de l’univers numérique, nous rencontrons le monde réel et c’est là que nous nous forgeons. Accuser exclusivement les RS des maux de la société, c’est nous déresponsabiliser, rejeter nos fautes sur d’autres, ne pas assumer ce qui dépend d’abord de nous-même. Nous sommes des êtres conscients, pensants, de raison. Et la manière dont nous agissons, nous utilisons notre temps ne dépendent que de nous. Nous nous enfermons, petit à petit, dans une bulle où l’autre devient un ennemi potentiel, un danger indéfini, un voleur putatif de tranquillité et de confort.  

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